Les études urbaines à l’IFRI
Depuis les années 2000, les études urbaines constituent un axe central de recherche au sein de l’IFRI. Elles portent sur la métropole de Téhéran et, au-delà, s’inscrivent dans la tradition des études comparatives entre les grandes métropoles des villes du Maghreb et du Moyen Orient.
Le partenariat avec les institutions locales et européennes de recherche et d’enseignement universitaire permet aux chercheurs de renouveler les problématiques autour du développement urbain et des dynamiques socio-spatiales.
Les études urbaines réunissent, dans une bibliothèque spécialisée, des archives, des journaux, des études et des travaux de recherche non publiés sur Téhéran (provenant de bureaux d’études iraniens et étrangers, de cabinets de consultants, de mairies, de ministères, de bibliothèques privées, etc.) ; la bibliothèque rassemble également des études d’urbanisme sur d’autres villes d’Iran et du monde.
Historique
En 2005, l’Observatoire Urbain de Téhéran et des villes d’Iran (O.U.T.I) a été mis en place officiellement au sein de l’IFRI par Mina Saidi-Sharouz qui l’a dirigé jusqu’à 2012. L’O.U.T.I a été essentiellement dédié à l’observation et l’analyse des espaces urbains en mutation, des acteurs et des politiques publiques et à l’accueil des chercheurs en études urbaines.
Il fonctionnait à la fois comme un centre d’information et de ressources documentaires et bibliographiques et un lieu de recherches et de valorisation de celles-ci.
Regroupant des chercheurs français et iraniens de différentes disciplines, l’O.U.T.I a mené et participé à de nombreuses recherches scientifiques sur la ville de Téhéran en s’appuyant sur les problématiques concernant la métropolisation, la planification concertée, la gouvernance et la mise en œuvre des programmes de rénovation urbaine et des espaces publics urbains.
Les résultats de ces recherches ont été amplement restitués à travers des colloques et des ateliers scientifiques en Iran et en France et ont donné lieu à de nombreuses publications.
Les programmes de recherche précédents
- Le programme de recherche CIT (le Caire, Istanbul, Téhéran) en 2002, sous la houlette d’Éric Denis, de Jean-François Pérouse et de Bernard Hourcade, a eu pour objectif de comparer les trois mégapoles que sont Le Caire, Istanbul et Téhéran, à travers les « formes et symptômes de la métropolisation ». Ce programme a engendré plusieurs publications, dont un article final et synthétique intitulé Le Caire, Istanbul, Téhéran : trois mégapoles, une dynamique ?, paru en 2009 dans la revue TIGR-Université de Reims sous la direction de Marcel Bazin.
- Le programme de recherche sur les quartiers : la rénovation des quartiers populaires, patrimoine et risques urbains. À partir de 2008, un programme de recherche a été mené au sein de l’Observatoire urbain de Téhéran, sur les transformations symboliques, sociales et physiques des quartiers populaires et anciens par une équipe pluridisciplinaire à l’IFRI, sous la responsabilité de Mina Saidi-Sharouz. Plusieurs quartiers de Téhéran dont Beryanak, Haft Chenar, Robat Karim, Sirous et Eslamshahr ont fait l’objet de ces recherches interdisciplinaires.
Une étude spécifique a été élaborée sur le quartier Sirous, à proximité du grand bazar de Téhéran en partenariat avec l’agence de la rénovation urbaine de Téhéran. Cette étude a donné lieu à plusieurs articles dans les revues iraniennes et françaises dont la revue Goftogou n° 64 en 2013 et la revue Andisheh Iranshahr n° 9 et 10 en 2007.
Ces recherches ont engendré plusieurs publications, dont un ouvrage collectif en français et traduit en persan (en cours) publié par l’IFRI et Karthala Le Téhéran des quartiers populaires. Transformations urbaines et société civile en République Islamique ainsi qu’un ouvrage en persan publié par la Mairie de Téhéran et les éditions Tisa en persan.
Ce programme a trouvé un prolongement aux perspectives élargies avec les programmes comparatifs autour de la question de rénovation urbaine. Les résultats ont été croisés avec ceux d’Istanbul mais aussi avec Rabat, Casablanca, Beyrouth, Le Caire et Damas.
La mise en parallèle des dynamiques urbaines de Téhéran avec les autres villes notamment de la sous-région a été valorisée par plusieurs programmes de recherches collectives dont les plus importants ont été :
- Le programme comparatif sur la rénovation urbaine et participation citoyenne dans trois quartiers des trois villes : Téhéran, Rabat, Paris, de 2006 à 2008, sous la direction d’Émeline Bailly (IUP/Mairie de Paris), Françoise Navez-Bouchanine (IFU/Agence de Développement Social de Rabat), Mina Saidi-Sharouz (IFRI).
- Le programme de recherche MERSI « Médiation publique dans les métropoles du Maghreb et du Moyen-Orient : concurrences foncières et accès au logement (Amman, Beyrouth, Casablanca, Damas, Istanbul, Le Caire, Téhéran, Tunis) », sous la direction de Valérie Clerc dont la publication des résultats sous forme d’un ouvrage collectif publié par l’IRD est sous presse.
Aujourd’hui
Les études urbaines continuent à constituer un axe important des recherches à l’IFRI avec un colloque intitulé « Construire la ville durable » qui s’est déroulé les 3 et 4 octobre 2016. Ce colloque international , organisé par l’Institut Français de Recherche en Iran et l’Ambassade de France en Iran, dans le cadre du Fonds d’Alembert, en coopération avec l’Université Tarbiat Modarres et l’Institut français, s’est tenu à l’Université Tarbiat Modarres.
Enjeu majeur, le thème de la ville durable est particulièrement crucial en Iran. La mobilisation des autorités publiques et des acteurs privés ainsi que de la société civile est grandissante. La croissance urbaine extrêmement rapide constatée dans les métropoles iraniennes implique de réels défis en termes de planification urbaine, d’infrastructures et de protection de l’environnement (plus d’informations sur le site de la manifestation).
Par ailleurs, la parution du livre de Sepideh PARSAPAJOUH en 2016, Tisser sa ville : Au coeur d’un bidonville iranien. De Zurâbâd à Islamâbâd, a permis d’approfondir les recherches sur le thème des études urbaines au sein de l’IFRI.