M. Vincent RONDOT, directeur du département des Antiquités égyptiennes
« L’Égypte des Pharaons au musée du Louvre : histoires anciennes et modernes »

Le 29 avril 2018

Depuis les toutes premières collections royales, mais surtout depuis Champollion et la création du musée égyptien dans les salles Charles X en 1827, l’art égyptien est entré de plein pied dans le patrimoine des Français comme de tous les visiteurs du Musée du Louvre. Si, depuis l’Expédition de Bonaparte et la publication de la Description de l’Égypte, on a pu écrire que l’Égypte était une « passion française » (R. Solé), il faut insister également sur le rôle majeur que le Louvre a pu jouer pour développer l’intérêt du public savant comme amateur vers cet art que tout opposait au goût classique. Ont notamment joué un rôle important les acquisitions des grandes collections des consuls puis la venue des objets découverts pendant les premières fouilles scientifiques, celles d’Auguste Mariette au Sérapéum dans les années 1850. La politique d’acquisition des conservateurs successifs, les dons et les partages de fouilles permis par le gouvernement égyptien selon lesquels le Louvre était destinataire de certaines des découvertes faites par l’Institut français d’archéologie orientale du Caire ont permis l’enrichissement constant des collections et expliquent que le musée du Louvre soit à même, aujourd’hui, de présenter un panorama complet de la civilisation égyptienne.

Ce panorama correspond aux vœux mêmes que faisait Champollion dans le texte programmatique qu’il annonçait au moment de la création du musée Charles X : présenter les chefs d’œuvres de l’histoire de l’art, selon la conception traditionnelle en vigueur à l’époque, mais également les faits de culture eux-mêmes, y compris dans ce que l’on nomme aujourd’hui « culture matérielle ». La présentation permanente de la collection aujourd’hui, organisée dans deux des côtés de la Cour Carrée, est celle qu’a voulue Jean-Louis de Cenival, conservateur du département de 1982 à 1992 et qui a été mise en œuvre sous la direction de Christiane Ziegler et inaugurée le 19 décembre 1997. Au rez-de-chaussée les salles sont consacrées, l’une après l’autre, aux grands thèmes de civilisation qui caractérisent l’antiquité égyptienne : le Nil, l’offrande au mort, l’écriture, la maison, les bijoux, le temple, la tombe du pharaon, les cercueils et les sarcophages, les dieux… À l’étage c’est un parcours historique et histoire de l’art qui attend le visiteur et qui, de la sortie de la Préhistoire avec ses premiers hiéroglyphes, permet d’accompagner la progression des dynasties des pharaons et des familles de hauts personnages en même temps que la lente mais sûre évolution de l’art égyptien.

Le département égyptien peut s’enorgueillir de plusieurs chefs d’œuvre parmi lesquels on peut citer ici le sphinx de Tanis, la statue de Nakhthorheb, la chapelle du mastaba d’Akhethétep, l’Horus « Posno », la statue porte-enseigne du pharaon Séthi II, le sarcophage de Tisicratès, le couteau à manche d’ivoire et lame de silex dit « du Gebel el-Arak », la stèle du roi-serpent, le scribe accroupi, la statuette de la dame Touy, le trésor funéraire du fils de Ramsès II Khâemouaset, Karomama, la triade d’Osorkon, Taharqa et le dieu Hemen…

 

Vincent Rondot est directeur du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre depuis 2014. Il est égyptologue et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) depuis 1997. Il a passé 10 ans en Égypte et cinq ans au Soudan, notamment en tant que membre scientifique de l’Institut français d’archéologie orientale du Caire (1988-1992). Il a fait partie de l’équipe à la conservation du département des Antiquités égyptiennes qui a été en charge de la réorganisation de la présentation permanente des collections égyptiennes du musée du Louvre (1993-1997). Il a dirigé la Section française de la Direction des Antiquités du Soudan à Khartoum (2004-2009). Épigraphiste et archéologue, ses recherches portent principalement sur l’étude des cultes au dieu Amon, en Égypte et au Soudan ainsi que sur les cultes du dieu crocodile Sobek dans le Fayum, à l’époque gréco-romaine. Les questions d’iconographie divine et de l’impact de l’hellénisme sur ces dernières durant les derniers siècles du paganisme l’intéressent tout particulièrement, tant en Égypte qu’au Soudan.