Mme Sophie JUGIE, directrice du département des Sculptures du musée du Louvre
« Le département des Sculptures du Moyen Âge, de la Renaissance et des Temps Modernes »

Le 27 mai 2018

Le département des Sculptures a connu, parmi les départements du musée du Louvre, une émergence lente et complexe. Si, sous l'Ancien Régime, la sculpture participait au décor des résidences royales, elle n'était pas collectionnée en tant que telle, contrairement aux antiques, peintures et objets d'art. Mais l'Académie royale de Peinture et Sculpture et ses collections sont logées au Louvre, où se trouvent aussi quelques commandes royales inutilisées. Lorsque le Museum ouvre en 1793, peu de sculptures modernes sont présentées, même si les Esclaves de Michel-Ange y entrent avec les saisies des biens des émigrés en 1794. À partir de 1795, la sculpture française se trouve au Musée des monuments français, en face du Louvre, sur la rive gauche de la Seine, où les oeuvres saisies dans les établissements religieux supprimés sont disposées dans une mise en scène spectaculaire. Après la fermeture du musée en 1816, certaines œuvres sont affectées au Louvre, tandis que d'autres arrivent à Versailles dans le musée historique créé par Louis-Philippe.

En 1824 est inauguré le musée de Sculpture moderne : dans un élégant mélange de styles et d'époques, près d'une centaine de statues sont présentées au rez-de-chaussée de la cour Carrée. À partir de 1847, on rapporte des sculptures de Versailles afin de mieux présenter l'évolution de l'école française, tandis que la statuaire gothique fait son entrée dans les années 1850. En 1871, les collections sont détachées des Antiques pour être réunies aux Objets d'art, puis, en 1893, les Sculptures deviennent une entité autonome. La collection s'étend aux sculptures romanes et au XVIIIe siècle, s'ouvre à l'Italie, puis aux Pays-Bas. Les legs et dons de collectionneurs se font plus nombreux et la Société des amis du Louvre offre des œuvres prestigieuses. Le département déménage entre 1933 et 1936 dans l'aile de Flore, les sculptures des XVIIIe et XIXe siècles n'étant déployées dans le pavillon de Flore qu'après 1968. Le départ vers le musée d'Orsay en 1986 des sculptures de la seconde moitié du XIXe siècle précède de peu les réaménagements du Grand Louvre : le département se répartit dans deux secteurs, inaugurés en 1993 et en 1994 : collections françaises dans l'aile Richelieu autour des cours couvertes Puget et Marly ; collections européennes dans l'aile Denon.

Aujourd'hui, la collection rend compte de façon très complète de l’évolution de la sculpture française de la fin de l’Antiquité à la moitié du XIXe siècle. Elle présente des ensembles de référence pour l’Italie, les Pays-Bas et l’Allemagne, et des œuvres représentatives pour l’Espagne, l’Angleterre ou les Pays scandinaves. Le département poursuit l'enrichissement de la collection et fait réaliser d'importantes restaurations. Des rénovations de salles ont été réalisées récemment avec une attention particulière aux dispositifs de médiation. Des réflexions sont en cours pour des réaménagements plus importants dans les années à venir. Dans le cadre de collaborations nationales et internationales, le département développe également des programmes de recherche, des bases de données et une importante documentation sur la sculpture européenne. L'expertise de ses conservateurs lui permet de remplir son rôle de « grand département patrimonial » en soutien aux professionnels des musées et des monuments historiques de la France. Expositions, publications, conférences et colloques contribuent à la programmation du musée du Louvre et à son rayonnement en France et dans le monde.

 

Sophie Jugie est conservatrice générale du Patrimoine et directrice du département des Sculptures au musée du Louvre depuis 2014, en charge des sculptures françaises, espagnoles et de l'Europe du Nord des XVe et XVIe siècles. Auparavant, elle a été conservatrice au musée des Beaux-Arts de Dijon, responsable des collections du Moyen Âge et de la Renaissance, avant de devenir directrice du musée en 2004. Parmi les expositions dont elle a été commissaire, on peut citer L’Art à la cour de Bourgogne. Le mécénat de Philippe le Hardi et Jean sans Peur, Dijon, Musée des Beaux-Arts, Cleveland Museum of Art, 2004-2005, et The Mourners. Tomb Sculptures from the Court of Burgundy, exposition itinérante aux États-Unis sous les auspices de FRAME, puis à Berlin, Bruges et Paris, musée de Cluny, 2010-1013. Elle a publié, entre autres, Les tombeaux des ducs de Bourgogne. Création, destruction, restauration (en collaboration avec Françoise Baron et Benoît Lafay), Somogy, 2009, et Les retables de la chartreuse de Champmol (sous la direction de Catherine Tran), Schnoek, 2014.