©2018 Institut français de recherche en Iran.
Eugène Delacroix (1798-1863), le grand peintre romantique français, s’installa rue de Fürstenberg, au cœur du quartier de Saint-Germain-des-Prés à Paris, en 1857. Il souhaitait alors être au plus près de l’église Saint-Sulpice, dont il avait reçu la commande de décor d’une des chapelles. Il venait aussi, alors, d’être élu à l’Académie des beaux-arts et était désireux de se rapprocher de l’Institut, où il siégeait désormais. Un désir plus intime, celui de retrouver le quartier de son enfance, l’habitait très certainement.
Il fit construire, au sein d’un jardin préservé, son atelier, grand pavillon dont il conçut avec soin les décors de la façade. Delacroix vécut en ces lieux jusqu’à sa mort en 1863. Ce fut près de soixante-dix ans après sa mort que ces lieux de création furent transformés en musée, grâce à l’engagement de la Société des Amis d’Eugène Delacroix. Présidée par le peintre Maurice Denis, la Société réunissait plusieurs des grands artistes français des années 1920, Paul Signac et Édouard Vuillard, notamment. Lieu de mémoire, l’ancien atelier de Delacroix devint, grâce à leur engagement tenace, un musée, lieu de vie et de transmission.
L’histoire du musée Delacroix est ainsi une histoire singulière ; fondé en hommage à Delacroix, il forme également hommage à la création artistique et à sa transmission. Devenu musée national en 1971, il est rattaché à l’Établissement public du Louvre depuis 2004. Sa collection est la seule collection publique au monde à réunir en un seul lieu toutes les facettes de l’art de Delacroix, qui fut peintre, dessinateur, graveur et écrivain.
Delacroix est, en cette année 2018, célébré au Louvre et au musée Delacroix. Une occasion remarquable d’évoquer la force de l’admiration que ce grand peintre a suscitée, et suscite toujours, auprès des artistes. La conférence, en présentant la transformation de son dernier atelier en musée, analysera l’œuvre de l’artiste et mettra en valeur les nombreux tributs qui lui ont été rendus, depuis sa disparition.
Dominique de Font-Réaulx est conservateur général au Musée du Louvre, directrice du musée Eugène-Delacroix depuis 2013. Elle a été, pendant cinq ans, chargée de mission auprès d’Henri Loyrette, pour la coordination scientifique du projet du Louvre Abou Dabi. Auparavant, elle a été conservateur au musée d’Orsay, en charge de la collection de photographies ; elle a commencé sa carrière comme conservateur de la collection de moulages du musée des Monuments français, de sa restauration et de son redéploiement. Elle a été commissaire de très nombreuses expositions, notamment, en 2002, L’Invention du sentiment (Musée de la Musique) ; en 2003, Le daguerréotype français, un objet photographique (Musée d’Orsay, The Metropolitan Museum of Art) ; en 2005, Dans l’Atelier (Musée d’Orsay) ; en 2006, L’œuvre d’art et sa reproduction photographique (Musée d’Orsay) ; en 2007-2008, Gustave Courbet (1819-1877) (Galeries nationales du Grand Palais, The Metropolitan Museum of Art, Musée Fabre), Jean-Léon Gérôme (2010, Musée d’Orsay, The Getty Museum, Fondation Thyssen à Madrid), Delacroix en héritage, autour de la collection Moreau-Nélaton (2013, Musée Eugène-Delacroix), Objets dans la peinture, souvenir du Maroc ( 2014, Musée Eugène-Delacroix), Brève histoire de l’avenir (2015, Louvre), Delacroix et l’Antique (2015, Musée Eugène-Delacroix). Elle a été également commissaire de la première exposition de la Petite Galerie du Louvre, en 2015 et 2016 ; ensuite présentée au musée archéologique de Saint-Romain-en-Gal. Elle a préparé une exposition dédiée à la fondation du musée Eugène-Delacroix, Maurice Denis, de l’atelier au musée, en 2017 ; elle a été commissaire de l’exposition Shakespeare romantique à Saint-Omer et à Namur, à l’été et à l’automne 2017. Elle a collaboré à de très nombreux catalogues et ouvrages. Elle a publié Peinture et photographie, les enjeux d’une rencontre, chez Flammarion, en 2012. Elle a édité, en 2018, les manuscrits de jeunesse d’Eugène Delacroix. Elle enseigne à l’École du Louvre en master 1 et 2 et à l’Institut de Sciences politiques de Paris, en Master 2 Affaires publiques, où elle est conseillère scientifique de la filière Culture du Master affaires publiques. Elle est, depuis 2018, rédactrice en chef de la Revue Histoire de l’art.
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