Mme Neguine MATHIEUX, chef du service Histoire du musée du Louvre
« Des rois de France aux visiteurs du monde entier : l'histoire d'un palais devenu musée »

Le 3 juin 2018

Château médiéval protégeant Paris ou musée célébré par la pyramide de Pei au XXe siècle, le Louvre est d’abord un immense palais qui, pendant huit cent ans, s’est continuellement métamorphosé. Au gré d’une succession de chantiers initiés par des rois et des présidents ambitieux, architectes et artistes renommés n’ont cessé d’agrandir et d’embellir le palais et de lui donner une place centrale dans la capitale et le royaume.

Édifié à la fin du XIIe siècle, le Louvre est d’abord une forteresse stratégique, construite sur l’enceinte de Paris, puis, lorsque la ville progresse et que le Louvre perd son rôle défensif, il devient au XIVe siècle un luxueux palais résidentiel. De style gothique tout d’abord, il se transforme en palais Renaissance au XVIe tout en occupant une place de plus en plus importante au centre de Paris. Au début du XVIIe, il est en effet relié au palais des Tuileries par une longue galerie qui borde la Seine et il s’enrichit d’un vaste jardin. Tout au long du XIXe siècle, empereurs et souverains poursuivent le projet d’agrandissement et d’embellissement en démultipliant les ailes et les pavillons, supports de riches décors sculptés. Marqué par une grande continuité artistique tout en étant ponctué d’innovations architecturales, le Louvre présente alors un panorama des styles qui ont façonné l’histoire de l’architecture française.

Au fur et à mesure de ces siècles et de ses métamorphoses, il eut plusieurs vies : construit pour protéger Paris, puis servant de prison et de lieu de conservation du trésor royal, il devint très vite un luxueux palais résidentiel. Mais il n’est pas seulement le lieu de célébration et de représentation du pouvoir, il est également le palais des arts et des artistes : très tôt, il abrita les collections d’œuvres d’art assemblées par les rois et les artistes liés à la cour. Ses galeries ont ainsi, depuis le XVIIe siècle, servi d’habitations et d’ateliers pour les plus grands artistes français mais ont aussi hébergé les Académies, lieux de discussions et d’études. Celles-ci y organisent pendant plus de cent ans des expositions d’artistes vivants. Le Louvre devient ainsi un lieu de rayonnement intellectuel et artistique, au cœur du siècle des Lumières. La Révolution et la création du Museum en 1793 ont consacré ce temple des arts. Aux collections royales se sont ajoutés les dons de particuliers, les achats de l’État et les découvertes archéologiques. Les œuvres offerts à la délectation du public n’ont cessé dès lors d’inspirer les artistes célèbres ou les amateurs venus du monde entier. Aujourd’hui encore, copistes, étudiants ou artistes confirmés peuplent les salles du musée aux côtés des chercheurs ou des touristes.

 

Néguine Mathieux est conservatrice du Patrimoine. Après des études d’histoire à la Sorbonne (Paris IV) et d’histoire de l’art et de muséologie à l’École du Louvre, elle a été nommée au Département des antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre, où elle était plus particulièrement en charge des œuvres en terre cuite, de l’histoire de l’archéologie et l’histoire des collections. Membre d’une unité du Centre national de la recherche scientifique et responsable d’un programme de recherche à l’Institut national d’histoire de l’art sur le marché de l’art au XIXe siècle, elle a beaucoup enseigné à l’École du Louvre. Nommée en 2014 chef de service de l’histoire du Louvre au Louvre, elle a été chargée du projet du Pavillon de l’horloge, un nouveau parcours muséographique au musée du Louvre inauguré en juin 2016. Elle a été commissaire de plusieurs expositions en France (La lettre et l’argile, Louvre, 2007 ; L’Épopée des rois thraces, Louvre, 2015) et à l’étranger (Tanagra, Tokyo, 2007 ; L’invention du Louvre, Pékin et Hong Kong en 2017…).