Franck Mermier, anthropologue, est directeur de recherche au CNRS et membre de l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS). Il dirige des thèses en anthropologie à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris. Il a été directeur du Centre Français d’Etudes Yéménites à Sanaa (1991-1997) et du département des études contemporaines de l’Institut Français du Proche-Orient à Beyrouth (2005-2009). Ses travaux de recherche portent sur les sociétés urbaines et la production culturelle dans le monde arabe. Il a lancé et supervisé plusieurs projets de traduction en sciences sociales arabe-français-arabe. Il a notamment publié Le Cheikh de la nuit. Sanaa, organisation des souks et société citadine (Actes Sud/Sindbad, 1997), Le livre et la ville. Beyrouth et l’édition arabe (Actes Sud/Sindbad, 2005) et Récits de villes : d’Aden à Beyrouth (Actes Sud/Sindbad, 2015) et co-dirigé, entre autres, Regards sur l’édition dans le monde arabe (Karthala, 2016), Yémen. Le tournant révolutionnaire (Karthala, 2012), Mémoires de guerres au Liban (1975-1990) (Actes Sud/IFPO, 2010) et Itinéraires esthétiques et scènes culturelles au Proche-Orient (Beyrouth, Institut Français du Proche-Orient, 2007).
Dans le processus de mondialisation en cours, le rôle culturel et le degré de cosmopolitisme sont des critères de hiérarchisation très importants entre villes. Les « cités mondiales » sont ainsi des lieux de marché pour la culture, qui constituent à la fois des espaces de création, de croisement et de diffusion des flux culturels, grâce à l’attraction qu’elles opèrent sur les spécialistes des différentes formes d’expression qui créent ou diffusent de nouvelles formes culturelles. Le degré de densité et de développement d’un milieu culturel et artistique permet ainsi de saisir le statut d’une ville comme lieu de médiation culturelle entre les différentes échelles du local et du global. Les formes de cosmopolitisme, des plus ségréguées aux plus ouvertes, sont considérées comme signes de leur plus ou moins grande hétérogénéité culturelle ou de leur aptitude à favoriser des hybridations culturelles, et donc apparaître comme un facteur de différenciation entre villes. Les espaces artistiques et culturels représentent des espaces cosmopolites qui fonctionnent souvent comme des « zones franches » culturelles. Ils diffusent au sein des ensembles nationaux les nouveaux langages du présent et influent en retour sur la formation de paysages imaginaires transnationaux.
Professeure agrégée de géographie à Paris, Alice Bombardier est titulaire d’un doctorat de sociologie à l’EHESS-Paris et de civilisation persane à l’Université de Genève. Son ouvrage publié en 2017 chez Peter Lang (Suisse) est intitulé Les pionniers de la Nouvelle peinture en Iran : œuvres méconnues, activités novatrices et scandales au tournant des années 1940. Diplômée d’histoire à la Sorbonne, elle a étudié le persan à l’INALCO et a voyagé régulièrement en Iran entre 2004 et 2009.
Le fait que toute culture soit le résultat d’un processus complexe d’interrelations avec d’autres cultures pourrait être illustré en Iran par le fonctionnement, à ses débuts, de la Faculté des Beaux-Arts fondée en 1940 au sein de l’Université de Téhéran. A l’instigation d’André Godard, nommé à la tête de la faculté et bâtisseur de ses murs, l’écheveau institutionnel et les modalités d’enseignement de cet établissement ont été métissés à tous les niveaux. Les pionniers de la Nouvelle peinture (naqqashi-e now), qui constituent les premiers étudiants de la faculté dans la section de peinture, témoignent de l’influence exercée sur eux par des enseignants étrangers. Parallèlement à cet enseignement artistique métissé, ces précurseurs de la Nouvelle peinture sont pour la grande majorité partis un temps compléter leur cursus à l’étranger. Ces circulations ont contribué à la conversion des valeurs qui animaient la peinture iranienne depuis la fin du XIXème siècle. Le regard des artistes iraniens sur le monde et sur l’art, comme leurs méthodes de travail et leurs œuvres, se sont dès lors progressivement modifiés, suscitant des mutations artistiques majeures dans le pays.
Chercheur et critique d’art, Siamak Delzendeh a commencé sa carrière artistique avec l’écriture et la publication de nouvelles. Après avoir imigré au Canada, il a étudié la photographie et l’histoire de l’art à l’université de Concordia à Montréal. Il a présenté, dans le contexte de nombreuses expositions individuelles aussi bien que collectives, ses œuvres à Montréal, à Toronto et à Téhéran. Rentré en Iran depuis 2009, il a publié une dizaine d’articles et d’essais en rapport avec l’art iranien. A l’automne 2015, il a participé à un programme d’échange de critiques d’art entre la résidence d’artistes Kooshk en Iran et le Musée d’Art Moderne d’Irlande à Dublin en prononçant un discours sur l’Art moderne en Iran. Il intervient, en été 2016, lors la 11e édition de la Conférence internationale de l’iranologie à Vienne. Son dernier livre intitulé Les évolutions visuelles de l’art iranien est une analyse critique, publiée par les éditions Nazar à l’été 2016.
Cette présentation propose un début de réflexion et d’étude sur la chronologie de l’art visuel iranien. Depuis la fin du XIXe siècle, des efforts importants ont été déployés pour créer une chronologie de l’art. Depuis la fin du XXe siècle une nouvelle génération de chercheurs, explorant différentes méthodes stimulées par les contacts de ces derniers avec l’Europe et les Etats-Unis, a développé ce champ. Au cours de cette présentation, le rapport entre ces nouvelles approches et le dialogue et le savoir sera questionné. Pendant ces deux dernières décennies, la mobilité des écrivains ainsi que la présence des artistes dans les expositions internationales ont joué un rôle particulièrement important.
Silvia Naef est professeure ordinaire à l’Unité d’arabe de l’Université de Genève et directrice du Master Moyen-Orient (MAMO). Elle a enseigné dans les universités de Bâle et Tübingen (1995-2001) et a été invitée dans les universités de Toronto (2007-2009), Sassari, (2012), Göttingen (2013), ainsi qu’à l’Ecole Normale Supérieure, Paris (2016). Spécialiste de l’art moderne dans le monde arabe et de la question des images en Islam, elle a dirigé la publication de Visual Modernity in the Arab World, Turkey and Iran: Reintroducing the ‘Missing Modern’ (Asiatische Studien/Etudes Asiatiques, 2016). Elle est l’auteur de : Y a-t-il une question de l’image en Islam ? (2ème éd. 2015 (2004) ; allemand 2007, italien 2011, farsi 2015) ; A la recherche d’une modernité arabe, L’évolution des arts plastiques en Egypte, au Liban et en Irak (1996 ; arabe 2008). Elle a été la responsable du projet de recherche Other Modernities: Patrimony and Practices of Visual Expression Outside the West (2013-2017), soutenu par le Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique.
En 1971, avec d’autres artistes irakiens, Shaker Hassan Al Said (1926-2004) signe le manifeste « Une seule dimension » (Al-bu‘d al-wahid) qui accompagne la première exposition du groupe à Bagdad. Le groupe prône l’utilisation de la lettre arabe (et non pas de la calligraphie) comme élément visuel permettant de construire une abstraction « arabe ». La hurufiyya jouira d’un succès dans l’ensemble du monde arabe, jusqu’à devenir le seul courant artistique transnational à s’être développé dans la région. Auparavant, Al Said avait été membre du Groupe de Bagdad pour l’art moderne, un groupe qui défendait l’idée d’une modernité enracinée dans les traditions locales. Il s’était également intéressé au soufisme. Sans vouloir établir des liens qui n’existent peut-être pas ou qui, en l’état actuel de la recherche, sont impossibles à retracer, avec des recherches artistiques se faisant ailleurs plus ou moins à la même époque, notamment ceux des artistes de Saqqakhaneh en Iran, il s’agira ici de revenir sur la démarche d’Al Said et de ses collègues, afin de voir quelles ont pu être les sources d’inspiration qui les ont conduits à l’utilisation de la lettre arabe, au-delà d’une réflexion sur le patrimoine. On essaiera de déterminer à quel point les circulations (les voyages et les séjours à l’étranger, à Paris notamment) ou les lectures ont pu constituer un élément de cette réflexion.
Amirali Ghasemi est un artiste, graphiste et commissaire nomade né à Téhéran. Il a obtenu un baccalauréat en design graphique de l’Université Centrale Azad de Tehéran (2004), concentrant sa recherche sur l’histoire de l’art numérique. Il a fondé Parkingallery (1998), un espace de projet indépendant à Téhéran, puis développé le site Parkingallery.com (2002) une plateforme en ligne pour les jeunes artistes iraniens. À titre de commissaire, il a dirigé des expositions, ateliers et conférences pour Parkingallery projects. Il a également co-commissarié Urban Jealousy, 1ère Biennale internationale itinérante de Téhéran (2008-2009) et le Festival vidéo et performances Limited Access (2007-2016). Il s’est ensuite impliqué dans nombre de projets auprès d’institutions, d’espace de création et d’universités à l’international. Son projet à plus long terme IRAN & CO se compose d’une exposition et d’archives collectives en développement permanent consacrée à la représentation de l’art iranien au-delà des frontières du pays. (amiralighasemi.com)
A travers un focus sur les projets récents de Parkingallery et de New Media Society dont la Biennale itinérante de Téhéran, le festival Accès limité (l’Iran et les partenaires), les Histoires du Réveil et Tous les autres Passeports, Amir Ali Ghasemi aborde la question des mobilités et circulations et leurs rapports avec l’activité artistique interculturelle. Sa présentation reviendra également sur sa méthode de travail autour de mots-clés comme le passeport (le permis de circulation, les Etats et leur domination sur les corps), les papiers (le visa et le contrôle effectué sous l’impact du contexte politique), la contrebande (l’idée et la notion artistique), la douane, le squat et les résidences sans invitation.
Née en 1966 à Téhéran, l’artiste Ghazel vit et travaille entre Paris et Téhéran. Elle est diplomée (DNAP et DNSEP) de l’Ecole de Beaux-Arts de Nîmes (1990/1992) et elle a une licence des Etudes Cinématographiques de l’Université Paul Valéry de Montpellier (1994). Elle a participé à de nombreuses biennales internationales, dont la 50e Exposition Internationale de la Biennale de Venise (Clandestini) en 2003, la 8e Biennale de la Havane (El Arte con La Vida) en 2003, la 3e Tirana Biennial (Sweet Taboos, Episode 2: To Lose Without Being A Loser) en 2005, la 15e Biennale of Sydney (Zones of Contact) en 2006 et la 7eBiennale de Sharjah (Belonging) en 2005. Ses œuvres figurent parmi les collections publiques du Musée national d’art moderne, du Centre Pompidou ; du Musée MUMOK ; de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, Paris et du Frac Languedoc-Roussillion (Montpellier). Ses affiches " Urgent" sont exposées en permanence à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration à Paris. Ses expositions solo récentes sont : "Mea Culpa" (à Carbon 12, Dubai en 2016), "Anthologie des racines carrées, épisode 1" (à la Galerie Nivet-Carzon, Paris en 2016) et "Mismappings" (à ISCP Gallery, New York en 2017).
J'ai quitté l'Iran en 1986 pendant la guerre Iran/Irak. Une année après, pendant mes vacances à Téhéran, j'ai appris la mort d'un ami très cher à la guerre. Dès mon entrée à l'Ecole des Beaux-Arts de Nîmes (1988), j'ai ressenti une nécessité urgente de travailler sur la "mauvaise conscience" d'avoir quitté l'Iran et ma famille pendant la guerre. En 1990, j'ai fait ma première carte: la juxtaposition d'une photocopie d'un telex (de la part de mon père) reçu pendant les attaques missiles sur Téhéran (1987) et une carte d'Iran à l'envers. J'ai commencé à travailler avec des symboles universels représentant le déplacement et le déracinement, inspiré des dessins des enfants. Les enfants partout dans le monde font presque le même dessin schématique des maisons, du soleil, du cœur, etc. À partir de 2004, j'ai intégré des cartes dans mes performances vidéo. Pour moi, une carte est non seulement une représentation du monde mais aussi une métaphore de mon nomadisme, mes déplacements géographiques et mes maisons/territoires. Une carte représente mon état "en transit" depuis 30 ans. En 2010, n’étant pas du tout convaincue d'avoir fait un bon choix en recevant la nationalité française, j'ai recommencé à dessiner mes racines, des maisons, des valises et des arbres mais cette fois-ci instinctivement sur les cartes du monde. Petit à petit mes symboles sont devenu de plus en plus compliqués : de la maison, qui était devenue une valise, poussait des racines...Les icônes n'étaient plus isolées mais rassemblées ; comme si je ne voulais plus raconter que mon histoire uniquement, mais aussi celles des autres gens en transit. Je noircissais tous les drapeaux sur mes cartes pour les dépolitiser. Ensuite, j'ai fait d'autres séries des cartes, où je ne dessinais plus sur la carte mais je les détruisais et reconstruisais, en fabriquant ainsi des nouvelles "géographies" du monde qui reflétaient les désastres faits par l'homme: les guerres, les pollutions, les corruptions...et les résultats de ces désastres : exode, migrations massives, etc. Depuis ces trois dernières années, où je passe beaucoup de temps en Iran, j'ai remarqué que je dessine des arbres bien stables et enracinés et les valises ont complètement disparu de mes dessins.
Basée à Londres depuis les années 1980, spécialiste internationale des arts visuels et du cinéma au Moyen-Orient, Rose Issa est commissaire d’exposition indépendante, écrivaine et productrice. Avec Rose Issa Projects, elle est à l’origine de nombreuses expositions organisées en collaboration avec des institutions internationales, publiques ou privées, parmi lesquelles notamment le Victoria and Albert Museum, Londres (2013, 2006); le Centre d’exposition de Beyrouth (2010-11); le Bluecoat Arts Centre de Liverpool (2010); la Tate Britain, Londres (2008); le Parlement européen, Bruxelles (2008); le Musée National d’Art Oriental, Moscou (2007); l’Ermitage, Saint-Pétersbourg (2007); le CCCB, Centre de Cultura Contemporània de Barcelona (2003). Le projet “OUROUBA, THE EYE OF LEBANON”, présenté à Beyrouth en septembre 2017, fait suite à Arabicity à la Bluecoat Gallery de Liverpool en 2010 et Arabicity II au Beirut Exhibition Center en 2011, expositions ayant suscité un vif intérêt.
La présentation soulignera en particulier les dynamiques créées par les opportunités depuis les années 1950-1970 jusqu’à l’exil de certaines classes sociales entre 1979-1989. Elle s’attachera par ailleurs aux talents émergents des années 1988-2008 (avec le cinéma et la photographie) ; à la mise en valeur du marché de l’art (à partir des ventes aux enchères et publications); et enfin à l’importance des langues étrangères dans ces processus.
Directrice de production et de programmation à la Friche la Belle de Mai depuis 2011, Béatrice Simonet s’est tout d’abord impliquée au sein du projet de la Friche en tant que secrétaire générale de l’association SFT puis au sein de la Coopérative d’intérêt Collectif Belle de Mai depuis sa création en 2007. Au sein des différents postes qu’elle a occupé, elle a participé à la réflexion et à la mise en œuvre du projet culturel pour un projet urbain de la Friche la Belle de Mai en développant à la fois de nouveaux usages autour, par exemple, de la petite enfance et de l’action culturelle et en favorisant une approche intégrée de la Friche dans son quartier. Elle est aujourd’hui associée à la direction de la Friche et coordonne l’ensemble des programmes artistiques – création, résidences et diffusion – sur le site.
La Friche la Belle de Mai a été créée il y a 25 ans. Ce projet n’a pas d’équivalent en France, tant par son mode de fonctionnement que par la nature des activités qui s’y développent depuis des années. La Friche la Belle de Mai est aujourd'hui une référence nationale et internationale du mouvement des nouveaux territoires de l'art qui interrogent depuis plus de vingt ans la fonction de l’art et des artistes dans la cité en lien avec les populations. Ce laboratoire culturel, ancienne usine désaffectée de tabac, est toujours en résonance avec les évolutions sociétales. Le mode de résidence artistique est un des moteurs du projet et se déploie depuis toujours à travers des modalités qui évoluent selon les projets, tant sur la durée que sur les modes d'implications sur le territoire.
Né à Téhéran en 1980, Hamidreza Pejman a obtenu sa licence en théâtre à l’université Sooreh de Téhéran en 2005 et ensuite une licence d’ingénierie minière à l’université Azad de Téhéran. Après avoir fini ses études en Iran il s’est installé à Londres. Avant son retour en Iran pour reprendre les affaires de sa famille, il a fait des études à Barcelone. Hamidreza Pejman est le fondateur de la Fondation Pejman, une fondation indépendante et non gouvernementale créée depuis plus de treize ans. Avec comme objectif de soutenir les mouvements culturels, l’art et les artistes, cette fondation organise des évènements, des expositions, débats et autres activités artistiques dans ses locaux dont l’Usine Argo, la résidence Kandovan et le Café-Musée. Hamidreza Pejman est aussi collectionneur d’œuvres d’art.
Que font les sociétés et les instituts occidentaux pour répandre l’art de cette région ? Comment se distingue-t-il ce fait de celui du Moyen-Orient ? Comment et selon quelle approche les centres culturels de cette région mettent-ils en valeur leurs artistes et leur art ? Quelle est la différence entre les œuvres des artistes résidents en Iran et ceux vivant à l’étranger ? Quels sont les défis de l’artiste iranien pour produire et présenter son travail au niveau local et international ? Que signifie d’être un artiste iranien ? Comment les devoirs et les limites influent sa production artistique ? Cette présentation porteraun regard aiguisé sur le rapport entre la géographie et l’art de cette région tout en cherchant des réponses à ces questions et traitera desinconvénients d’être limité dans une région spéciale.
Esmeralda Kosmatopoulos est une artiste franco-grecque pluridisciplinaire qui explore les notions de langue et de communication à l’ère post-Internet. Son travail invite à une réflexion sur la construction, la permanence et la reconfiguration de l’héritage culturel et de l’histoire collective et questionne la manière dont les nouvelles technologies impactent notre condition humaine. Installations vidéo, néons, textes, performances virtuelles : les médias multiples qu’elle utilise expriment tout un langage ramené au degré premier de l’échange, où les objets ont échappé au risque de l’antagonisme pour devenir fusionnels. Son travail a été montré dans le cadre d’expositions personnelles et collectives en Europe, Etats-Unis, Asie et Moyen-Orient dans des institutions telles que notamment Kunsthal Charlottenborg (Copenhague, Danemark), Künstlerhaus Wien (Viennes, Autriche), Palazzo delle Arti Napoli (Naples, Italie), Kunsthal Aarhus (Aarhus, Danemark), Ecole des Mines de Paris (Paris, France), Musée Louis Braille (Coupvray, France), AMA | Art Museum of the Americas (Washington, Etats-Unis), CICA Museum (Gimpo-si, Corée du Sud). Travaillant souvent in-situ, l’artiste a été invitée dans des résidences internationales telles que Kooshk residency (Teheran, Iran), BAR (Beirut, Lebanon) et MASS MOCA studios (North Adams, USA).
Dans les Lettres persanes, Montesquieu raconte l'expérience de deux voyageurs perses qui visitent la France pour la première fois et, par leurs commentaires faussement naïfs et leurs étonnements innocents sur les coutumes et les traditions locales, présente une satire de la société française du 18ème siècle. Lors de sa résidence d’un mois en Iran, Esmeralda Kosmatopoulos s’est appropriée cette phrase célèbre et dans un effort inverse, a voulu examiner comment, dans notre société contemporaine, nous abordons la différence - qu'il s'agisse de la différence de nationalité, de religion, d'histoire, de culture ou d'appartenance ethnique - au moment où les nouvelles technologies accélèrent l'homogénéisation culturelle à l’échelle mondiale. Son travail «Comment peut-on être #Persan?» présenté en mai 2016 à la galerie Mohsen à Téhéran mélange des photographies, des néons, des pièces sonores et des objets trouvés pour peindre avec humour une caricature ludique de la manière ethnocentrique dont nous approchons l'Autre à l'ère post-Internet.
Née en 1981 en Iran, Roshanak Roshanaee a obtenu son Master en architecture en 2005 à l’université Azad Téhéran. Depuis, elle enseigne l’architecture et l’histoire de l’art dans plusieurs instituts et établissements universitaires. Elle a travaillé pour plusieurs galeries, parmi lesquelles Shahrivar en 2015, Mohsen en 2016 et 2017. Elle est actuellement directrice exécutive de la résidence d’artistes Koushk à Téhéran.
Dans cette présentation, Roshanak Roshanaee se penche sur les opportunités que les mobilités offrent d’une part aux artistes et d’autre part aux professionnels de la culture, en passant, naturellement, par le public. Les résidences, en permettant aux artistes de confronter leur création à d’autres publics, d’autres cultures, jouent un rôle essentiel.
Née en 1982 à Kerman, Samira Hashemi est une artiste interdisciplinaire, commissaire d’exposition et enseignante résidant à Ispahan. Elle a commencé ses activités comme artiste et est ensuite devenue commissaire d’exposition. Ses vidéos et ses performances ont été diffusées dans plusieurs festivals internationaux. Elle a été sélectionnée pour le programme de recherche de la « Baltique du nord 2017 » et est lauréate du prix « Contact » de l’Institut d’Art et Culture d’Allemagne. Elle est l’une des fondatrices de l’espace indépendant artistique et résidentiel « Va » à Ispahan.
Focus sur l’espace « Va », fondé en 2014, qui cherche, depuis sa création, à promouvoir la coopération des artistes indépendants isfahanais avec les artistes internationaux par le biais d’expositions et de projets de résidences.
Née à Ispahan, Mona Aghababaee est titulaire d’un master de l’Université d’Art (Honar) de Téhéran. Ses œuvres ont été présentées dans plusieurs expositions individuelles et collectives en Iran et à l’étranger. Elle a participé à plusieurs éditions de la Biennale de Sculpture de Téhéran et a gagné le Premier prix de la cinquième Biennale de Téhéran en 2017. Elle a obtenu plusieurs bourses de séjour artistique aux Etats-Unis, en Allemagne et au Liban. Elle fait partie des fondatrices de l’espace « Va ».
Focus sur l’espace « Va », fondé en 2014, qui cherche, depuis sa création, à promouvoir la coopération des artistes indépendants isfahanais avec les artistes internationaux par le biais d’expositions et de projets de résidences.
Née à Téhéran, doctorante en Science Politique (domaines des politiques culturelles et de la sociologie politique) à l’IEP de l’Université Lumière Lyon II (Sciences Po de Lyon), Shahnaz Salami a mené à bien un double parcours d’études iraniennes à l’Université Sorbonne Nouvelle Paris III et d’études françaises à l’Université de Téhéran.
La notion de propriété intellectuelle est étrangère à la culture iranienne et a été introduite sous l’effet de l’influence occidentale (notamment française). L’Iran n’a adhéré à aucune convention internationale concernant la protection des œuvres littéraires et artistiques. Toutefois, le premier effort du législateur iranien dans ce domaine se concrétise avec la « Loi de protection des droits des auteurs, compositeurs et artistes » du 12 janvier 1970, inspirée du système du droit d’auteur en France. À l’échelle internationale, après la Révolution Islamique d’Iran, la plupart des conventions relatives à la protection de la propriété industrielle ont été admises, mais la propriété littéraire et artistique est toujours restée en marge des attentions tant sur le plan législatif que jurisprudentiel. L’actualisation de l’ancienne loi de 1970 (cette loi date de plus de 45 ans) est aujourd’hui considérée comme une nécessité inévitable. L’adhésion de l’Iran aux Conventions de Berne et de Rome sera nécessaire pour que ce pays puisse rejoindre les pays membres de l’OMC. Afin de parvenir à ces objectifs, dans la décennie 2000, les spécialistes du droit d’auteur se sont mobilisés pour mettre à jour les lois de la propriété littéraire et artistique. Une réforme majeure du droit d’auteur a donc débuté et une nouvelle proposition de loi est actuellement en cours de discussion au sein du gouvernement et du Parlement iraniens. Cette intervention vise dans un premier temps à mettre en relief le rôle des juristes iraniens, souvent diplômés des pays étrangers, dans la législation des lois de la propriété littéraire et artistique tout en précisant leurs difficultés ainsi que leur inspiration du système du droit d’auteur en France. Elle analyse dans un deuxième temps la part de la circulation des Iraniens - étudiants, touristes, diplomates, cinéphiles etc. - dans l’entrée de nouvelles technologies audiovisuelles et dans la naissance d’un marché informel de films en Iran.
Commissaire d’exposition à la fondation Kaaf à Téhéran, Alireza LABESHKA est le directeur de projet Raf à Berlin. Il travaille sur l’aménagement des espaces urbains et la réaction des artistes. Il a organisé des dizaines d’expositions d’artistes iraniens et internationaux et écrit plusieurs articles et critiques. Il enseigne la théorie de l’art.
Les images, dans l’art aussi bien que dans les médias, sont un des éléments inséparables de la crise des réfugiés dans le monde, spécialement dans le Moyen-Orient et l’Europe pendant ces dernières années. Les images provoquent des réactions politiques comme légal/illégal, excédent/déficit et invité/non invité. Cette présentation propose une approche critique sur la production des images de réfugiés.
Docteure en anthropologie et postdoctorante à l’Institut Max Planck pour l’étude de la diversité religieuse et ethnique à Göttingen (Allemagne), Sonja Moghaddari, s’intéresse aux liens sociaux qui se font et se défont au cours d’expériences migratoires, notamment dans le contexte iranien et afghan. Dans sa thèse, soutenue en 2016 à l’Institut des hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève, elle complexifie l’analyse de la différentiation sociale parmi les Iraniens vivant à Hambourg, en Allemagne, en prenant en compte leurs engagements dans divers champs sociaux transnationaux. Ce travail s'inscrit dans la continuité de ses recherches sur les échanges transfrontaliers initiés lors de ses études à l’Université Aix-Marseille, et qui ont donné lieu à l’ouvrage Migrations et modernités iraniennes : Les familles transnationales (2015), publié par la bibliothèque iranienne (IFRI°. Ses recherches actuelles portent sur les dynamiques de différentiation sociale dans le cadre du bénévolat des Iraniens établis en Allemagne pour l'accueil des réfugiés de diverses nationalités.
Dans le milieu de la production cinématographique en Allemagne, les champs sociaux sont marqués par une grande inconstance. Dans ce contexte de travail instable, les liens sociaux sont un enjeu important où la frontière étroite entre avantage et préjudice se négocie tous les jours. Un parallèle intéressant peut être établi avec les études des migrations qui ont mis en évidence l’incertitude qui imprègne les liens entre les personnes dites « altérisées » selon des critères culturels, ethniques ou raciales. Le but de cette présentation est de tracer le développement des relations entre deux professionnels du film nourrissant une identité iranienne, Babak et Milad, dans le contexte de leurs engagements respectifs dans des champs sociaux professionnels et personnels en Allemagne, en Iran et dans le contexte international. Le va-et-vient entre proximité et distance reflètera les négociations perpétuelles et complexes entre les différents régimes de valeur qui structurent ces champs sociaux, aux interstices des incertitudes.
Diplômé de l’université Polytechnique de Téhéran, Pouria Jahanshad est spécialiste du fonctionnement de la représentation cinématographique, de l’art contemporain et de l’analyse des fonctions sociales et idéologiques de l’art. Depuis longtemps il enseigne, fait des recherches et écrit des articles sur la ville, la culture, l’identité et le genre et leurs rapports avec l’art. En tant qu’artiste et cinéaste il a réalisé plusieurs documentaires et expérimentaux, ainsi que des vidéos pour des théâtres multimédias en Iran et à l’étranger. Ses films et ses vidéos ont été diffusés dans plus de dix festivals internationaux et certains ont été primés. Pouria Jahanshad est en train de théoriser, en collaboration avec le docteur Behrang Sadighi, sociologue, le terme « documentaire sociologique ». Il dirige par ailleurs le groupe « Rokhdad Tazeh Mostanad ».
Cette présentation abordera la représentation de la diaspora afghane en Iran à travers des films documentaires et les réactions provoquées par ces films. Les documentaires, réalisés par des cinéastes iraniens et afghans, ont pour sujet la discrimination et les injustices vis-à-vis des immigrés. L’exposé accordera une place particulière à la façon dont ces films justifient la place sociale inférieure des immigrés. Une comparaison sera effectuée avec les documentaires européens.
Anthropologue, Fariba Adelkhah est directrice de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques (Paris, SciencesPo-CERI). Elle a fait ses études de sociologie à l'université de Strasbourg, de 1979 à 1983, puis a soutenu sa thèse d'anthropologie à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, à Paris, en 1989. Elle est notamment l’auteur de La Révolution sous le voile. Femmes islamiques d’Iran (Karthala, 1991 ; traduction en arabe, Darol Alam Sales, Cairo, 1995, et en espagnol, 1996), Etre moderne en Iran (Karthala, 1998 ; traduction en anglais chez Columbia University Press, 2000 ), Les Mille et une frontières de l’Iran. Quand les voyages forment la nation (Karthala, 2012 ; traduction en anglais chez Routledge, 2016), Les paradoxes de l’Iran (Le Cavalier bleu, 2013). Elle a dirigé le numéro « Guerres et terres en Afghanistan » de la Revue d’études du monde musulman et de la Méditerranée (133, 2013), et a publié de nombreux articles scientifiques dans différentes revues à comité de lecture, en particulier Politix et Critique internationale.
Depuis la chute du régime de Saddam Hussein, et dans un contexte plus général de croissance du tourisme religieux, quand bien même le Hadj à La Mecque rencontre régulièrement des difficultés politiques ou sanitaires, les pèlerins chiites iraniens se pressent toujours plus nombreux sur les lieux saints d'Irak, l'Atabat, notamment lors de l'Arbain. Le religieux est un carrefour qui fédère des pratiques diverses, comme le montre dans l'histoire l'architecture des complexes islamiques - on dirait aujourd'hui des multiplexes - que sont la mosquée, l'école théologique, le bazar, le mausolée. La tentative, à la fois ambitieuse et naïve, de restaurer le mausolée de l'Imam Hossein à Kerbela (2007-2012), a été portée par un partenariat public-privé composite, rassemblant des hommes d’affaires, l'administration, le clergé, mais aussi des artisans, des guildes, des bénévoles, des donateurs, sur fond de compétition entre ces différents acteurs, et entre des entités locales, nationales et internationales. Comme le dit l'un des responsables du projet, sa conduite a été une véritable école pour ses protagonistes, qui a modifié leur conception du religieux, de l'aide bilatérale, de l'Autre. Elle illustre la propagation du modèle de Dubai en Syrie, à Nadjaf et Kerbela, et à Mashhad ; la production du savoir religieux par l'entremise des lieux de pèlerinage (Mashhad, Nadjaf, Damas du temps où elle en faisait partie) ; le développement d'un softpower par excellence, non pas seulement du politique, mais aussi du business ; l'importance de la mobilisation d'acteurs non politiques, tels que les jeunes, les hommes d'affaires, les femmes et les familles ; l'écho des projets transfrontaliers à l'intérieur de chacun des pays concernés.
Docteur en géographie humaine de l’université Lyon II, Amin Moghadam est chercheur associé au laboratoire de recherche URMIS-Paris Diderot et à l’Institut français de Recherche en Iran (IFRI).Il a enseigné dans plusieurs institutions académiques notamment à Sciences Po Paris, à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (Inalco) et à l’université Aix- Marseille. Dans son travail de recherche, il s’intéresse aux questions migratoires et à la circulation des modèles urbains à l’échelle du Moyen-Orient. Ses recherches récentes portent sur les transformations urbaines en lien avec les pratiques artistiques et les professionnels de l’art dans les pays émergents. En rapport avec ces thématiques, il a notamment coordonnée avec Sophie Brones la publication en septembre 2017 du numéro de la revue Géographie et Cultures intitulé «Marchés et nouveaux territoires de l’art dans les villes du Sud ». Il a également coordonné avec Serge Weber la publication en 2015 du numéro «Diasporas iraniennes» de la revue Hommes et Migrations. Amin Moghadam a aussi consulté pour plusieurs institutions culturelles notamment pour le Louvre Abou Dhabi. Amin Moghaddam est le directeur scientifique des journées d’études Mobilités humaines et Création.
La revue Hommes et Migrations est la plus ancienne revue scientifique dédiée à la compréhension des faits migratoires en France. Elle est adossée au Musée National de l’Histoire de l’Immigration. Son comité de rédaction a choisi de consacrer un numéro thématique aux diasporas iraniennes publié en 2015 à un moment où l’essentiel des publications consacrées à l’Iran se focalisait sur les enjeux géopolitiques. L’originalité de ce numéro est d’explorer des terrains peu étudiés (L’Arménie, Dubaï, le Canada etc.) et des thématiques émergentes (telles que le vote à distance, l’écriture, le tourisme etc.) dans les études diasporiques.L’accent a été mis sur les caractéristiques des circulations à l’échelle de l’étranger proche et les modes de sociabilité qui s’y développent. Cette présentation reviendra sur les espaces publics et les interactions sociales dans quelques villes de l’étranger de pays voisins, en particulier à Dubaï et Erevan.
Serge Weber est géographe, Professeur à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée, laboratoire Analyse comparée des pouvoirs (ACP). Il a mené ses recherches sur les migrations est-européennes (Roumanie, Ukraine, Pologne) en Italie, les politiques migratoires européennes, la diversité et le cosmopolitisme en France, notamment à Paris, ainsi que les mobilités aux marges de l’Europe. Il est impliqué dans diverses formations et comités scientifiques, dont le comité de rédaction de la revue Hommes et migrations.
La revue Hommes et Migrations est la plus ancienne revue scientifique dédiée à la compréhension des faits migratoires en France. Elle est adossée au Musée National de l’Histoire de l’Immigration. Son comité de rédaction a choisi de consacrer un numéro thématique aux diasporas iraniennes publié en 2015 à un moment où l’essentiel des publications consacrées à l’Iran se focalisait sur les enjeux géopolitiques. L’originalité de ce numéro est d’explorer des terrains peu étudiés (L’Arménie, Dubaï, le Canada etc.) et des thématiques émergentes (telles que le vote à distance, l’écriture, le tourisme etc.) dans les études diasporiques.L’accent a été mis sur les caractéristiques des circulations à l’échelle de l’étranger proche et les modes de sociabilité qui s’y développent. Cette présentation reviendra sur les espaces publics et les interactions sociales dans quelques villes de l’étranger de pays voisins, en particulier à Dubaï et Erevan.
Architecte, docteur en géographie urbaine (à l’Université Nanterre Paris la Défense), Mina Saidi Sharouz a été responsable de l'Observatoire Urbain de Téhéran et des Villes d'Iran (OUTI) au sein de l'Institut Français de Recherche en Iran (IFRI) de 2007 à 2011. Elle enseigne aujourd’hui à l'École Nationale Supérieure d'Architecture de Paris La Villette (ENSAPLV) et est membre du laboratoire Architecture et Anthropologie/LAA (LAVUE-CNRS Mosaïques de l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense). Elle est par ailleurs responsable des programmes sur Téhéran à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine de Chaillot. Elle est l’auteure de l’ouvrage Le Téhéran des quartiers populaires. Transformation urbaine et société civile en République islamique d’Iran (co-édition Karthala/IFRI, 2014, traduction en persan, IFRI, août 2017) et des articles suivants : Les mobilités quotidiennes des femmes à Téhéran , (Égypte/Monde arabe, Troisième série, 9 | 2012) et Les touristes iraniens à Istanbul. Les “fourmis voyageuses” de la mondialisation (in revue Hommes &migrations n° 1312: octobre-décembre 2015). Ses principaux sujets de recherche portent sur Genre et espace public, Rénovation urbaine, patrimoine et risques, Espace public, Métropoles et mondialisation, Gestion urbaine.
La Turquie, est devenue une destination de rêve pour un grand nombre d’Iraniens. La vie moderne, le luxe, les loisirs, etc., autant de représentations réelles ou fantasmées qui font l’attractivité de la plus grande métropole du pays et ont poussé pendant plusieurs décennies, de plus en plus d’iraniens à s’y rendre. Nous étudions dans cette recherche, la manière dont le tourisme et l’industrie des séries télévisées permettent de véhiculer des images et contribuent à construire des modèles urbains autant idéelle que matérielle.
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